Guide de phonétique corrective

Survol des concepts clés

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Description

Organes de la parole

Les sons qu'on utilise pour parler sont produits en modifiant l'air qui s'expulse des poumons. Ces modifications ont lieu dans la bouche et impliquent des parties du corps qu'on utilise aussi pour d'autres fonctions. Les organes principales que vous devez connaître sont indiquées dans le diagramme qui suit:

Les organes de la parole

Consonnes et voyelles

Les sons linguistiques se répartissent en deux grandes catégories: a) les consonnes et b) les voyelles. La différence principale entre les deux est que lorsqu'on articule une consonne, l'air est bloqué dans la bouche (complètement ou partialement) alors que l'air passe librement pour l'articulation d'une voyelle.

Les consonnes

Commençons par une classification générale des consonnes françaises. Cette classification tient compte de trois catégories de base: a) manière d'articulation (comment on restreint l'air); b) lieu d'articulation (où l'on restreint l'air); et c) voisement (si les cordes vocales vibrent ou non).

Manière d'articulation

Les consonnes françaises peuvent s'articuler de trois manières: a) en arrêtant l'air complètement, suivi de son relâchement. Les consonnes de ce type sont occlusives (par ex.: /t/, /g/); b) en arrêtant l'air partialement, par ex.: avec la langue. Les consonnes de ce type sont fricatives (par ex.: /s/, /f/); et c) en laissant l'air passer par les côtés de la langue, tout en gardant le contact entre le bout de la langue et les dents supérieures. Les consonnes de ce type sont latérales (par ex.: /l/).

Les consonnes nasales

Lorsqu'on articule une consonne nasale, l'air passe par la bouche et par la cavité nasale. Il y a trois consonnes nasales en français: /n/, /m/ et /ɲ/. On considère les consonnes nasales comme des occlusives, car l'air est bloqué dans la bouche, mais passe librement par la cavité nasale (lorsque le vélum est baissé).

Le voisement

Une distinction importante qu'on fait entre les consonnes tient compte du voisement (présence ou absence de vibration des cordes vocales). Lorsqu'on produit une consonne voisée (ou "sonore"), les cordes vocales se rapprochent et vibrent. Lorsqu'on les sépare, par contre, on produit une consonne non-voisée (ou "sourde"):

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Prenons à titre d'exemple les consonnes /b/ et /p/. Si vous mettez le doigt sur la pomme d'Adam pendant l'articulation de ces deux consonnes, vous allez remarquer qu'il y a une vibration pour /b/ seulement. La consonne /b/ est voisée, alors que /p/ est non-voisée.

Lieu d'articulation

Une deuxième façon de catégoriser les consonnes tient compte du lieu où l'air est bloqué. Les lieux pertinents sont: les lèvres, les dents, le palais, le vélum (c'est-à-dire la partie postérieure du palais) et la langue. Examinons comment on utilise ces différentes parties de la bouche.

les lèvres: on peut les mettre ensemble, par ex.: /b/, /m/ ou bien les lèvres inférieures peuvent se mettre en contact avec les dents supérieures, par ex.: /f/, /v/. Les consonnes qu'on produit avec les lèvres sont labiales.

les dents: comme on l'a déjà dit, les dents supérieures peuvent se mettre en contact avec les lèvres inférieures, par ex.: /f/, ou bien le bout de la langue (l'apex) peut se mettre en contact avec les dents supérieures, par ex.: /t/, /s/. Les consonnes qui s'articulent avec les dents sont consonnes dentales. Dans certains cas, le contact est derrière les dents supérieures (au niveau des alvéoles).

le palais: le centre de la langue peut se mettre en contact avec le centre du palais, par ex.: /ʃ/ du mot "cher". Les consonnes de ce type sont des consonnes palatales (ou pré-palatale).

le vélum: le dos de la langue peut toucher le vélum, par ex.: /k/, /g/. Les consonnes qui impliquent le vélum sont des consonnes vélaires (ou post-palatales).

Considérons les catégories selon la manière, le lieu et le voisement afin de catégoriser toutes les consonnes françaises:

Manière Lieu d'articulation
Bilabial Labio-dental Apico-dental Palatal Vélaire Uvulaire
Occlusive voisé /b/ /d/ /g/
non-voisé /p/ /t/ /k/
Fricative voisé /v/ /z/ /ʒ/ /ʁ/
non-voisé /f/ /s/ /ʃ/
Nasale voisé /m/ /n/ /ɲ/
Latérale non-voisé /l/

Comme on peut le voir dans le tableau ci-dessus, toute consonne française peut être décrite en tenant compte de ces traits, par ex.:

/p/ est une consonne occlusive, non-voisée, bilabiale.

/z/ est une consonne fricative, voisée, (apico-)dentale.

Les voyelles françaises

Les adjectifs qu'on utilise pour catégoriser les voyelles françaises sont différents de ceux qui décrivent les consonnes (il ne faut surtout pas les confondre!). Les critères utilisés pour décrire les voyelles sont: a) la position verticale de la langue (par exemple, est-ce que elle est haute ou basse dans la bouche?); b) la position horizontale de la langue (antérieure, centrale ou postérieure); c) l'arrondissement des lèvres; d) si l'air passe par la cavité nasale ou uniquement par la bouche. Considèrons chacune de ces critères.

La position verticale de la langue

La langue peut monter ou descendre dans la bouche. Ainsi faisant, l'ouverture par laquelle passe l'air change et résulte dans des voyelles différentes. Notre description des voyelles françaises se sert de quatre niveaux de hauteur (ou de fermeture): haut, mi-haut, mi-bas et bas. Considérons, par exemple la voyelle /i/ du mot "si". Pour articuler cette voyelle, la langue est relativement haute dans la bouche. Comme la langue est haute, le passage par lequel passe l'air est relativement fermé (ou étroit). C'est pour cela qu'on utilise souvent le terme "fermé" pour décrire les voyelles hautes. En français, il y a trois voyelles hautes (ou fermées): /i/, par ex.: "si", /y/, par ex.: "su" and /u/, par ex.: "sous".

La position horizontale de la langue

Tout comme la langue se déplace verticalement, elle peut aussi s'avancer et se reculer. On distingue trois positions horizontales de la langue: antérieure, centrale et postérieure.

L'arrondissement des lèvres

Lorsqu'on articule une voyelle française, les lèvres peuvent être arrondies ou non-arrondies. Notez bien que lorsqu'on articule une voyelle arrondie les lèvres sont aussi avancées. C'est-à-dire que la forme des lèvres est semblable à la position qu'on utilise pour siffler.

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Il faut toujours garder ce fait à l'esprit lorsque vous articulez une voyelle arrondie en français.

Les voyelles orales et nasales

À la différence de l'anglais, le français a une série de voyelles nasales: /ã/, /õ/, /ɛ̃/, /œ̃/. Lorsqu'on articule une voyelle nasale, le vélum se baisse afin de laisser passer de l'air par la cavité orale ET par la cavité nasale.

Le tableau suivant démontre comment on peut utiliser les traits présentés ci-dessus pour décrire n'importe quelle voyelle française:

Les voyelles orales
antérieure centrale postérieure
non-arrondie arrondie non-arrondie arrondie
haute (fermée) /i/, par ex.: si /y/, par ex.: su /u/, par ex.: sous

mi-haute (mi-fermée)

/e/, par ex.: les /ø/, par ex.: feu /o/, par ex.: beau
mi-basse (mi-ouverte) /ɛ/, par ex.: lait /œ/, par ex.: seul /ɔ/, par ex.: bol
basse (ouverte) /a/, par ex.: ma

Les voyelles nasales
antérieure postérieure
non-arrondie arrondie non-arrondie arrondie
haute (fermée)
moyenne /ɛ̃/, par ex.: vin /œ̃/, par ex.: un /õ/, par ex.: bon
basse (ouverte) /ã/, par ex.: blanc

par exemple,

/i/ est une voyelle haute, antérieure, non-arrondie et orale.

/ɛ̃/ est une voyelle moyenne, antérieure, non-arrondie et nasale.

Les semi-consonnes

Il existe une troisième catégorie de sons linguistiques, les semi-consonnes (ou semi-voyelles) qui se situent entre les consonnes et les voyelles. C'est vrai de leur comportement et de leur lieu d'articulation. Chaque semi-consonne ressemble beaucoup à une voyelle haute précise, sauf qu'elles sont plus courtes et la langue est encore plus haute dans la bouche (mais pas assez pour créer de la friction entre la langue et le palais). Les correspondances sont comme suit:

/i/ > /j/, par ex.: "hier" [jɛʁ]

/y/ > /ɥ/, par ex.: "lui" [lɥi]

/u/ > /w/, par ex.: "oui" [wi]

Une différence importante est que, à la différence des voyelles, les semi-consonnes ne peuvent pas former le noyau d'une syllabe. Autrement dit, une semi-consonne doit toujours se trouver à côté d'une voyelle.

Les diphtongues

Dans certaines langues, comme l'anglais, la langue se déplace pendant l'articulation d'une voyelle (à l'intérieur d'une syllabe). Par exemple, la voyelle du mot anglais "boy" commence par /o/, mais se termine en /i/. On peut donc définir une diphtongue comme la présence de deux (ou de plusieurs) voyelles à l'intérieur d'une seule syllabe. Notez qu'on n'admet pas de diphtongues en français dit "standard". Il est donc important de ne pas produire de diphtongue anglaise lorsque vous parlez. C'est notamment le cas à la fin d'un mot, par ex.: aller se prononce [ale] et non PAS [alei].

Les phonèmes et les allophones

Lorsqu'on étudie les sons d'une langue, on se concentre sur les traits qui caractérisent leur articulation. Comme on l'a déjà vu, /p/ se décrit comme étant une consonne occlusive, non-voisée, et bilabiale. Chacun de ces trois traits sont nécessaires pour identifier /p/ comme un son de base en français. Toutefois, lorsqu'on parle il y a aussi des traits présents qui ne sont pas essentiels pour la description du son. Considérons par exemple la prononciation du mot anglais "dam":

"dam" [dæm] ou [dæ̃m]

En anglais, la voyelle peut être nasale ou orale. Toutefois, c'est le même son linguistique, car la présence/absence de la nasalité ne change pas le sens du mot. On dit que ce sont tout simplement deux versions (qu'on appelle allophones) d'un même son de base (qu'on appelle phonème). Les phonèmes nous permettent de créer des mots différents, ce qui n'est pas le cas pour les allophones. Par exemple, on sait que /p/ et b/ sont des phonèmes en anglais parce que le contraste entre les deux crée deux mots différents, par ex.: bat et pat. On appelle une paire de mots qui sont identiques, sauf pour un son, une paire minimale (voici d'autres exemples: bon/mon, rire/lire, bon/banc, sous/su). Les paires minimales nous permettent de savoir si deux sons sont des phonèmes dans une langue donnée.

Dans ce guide, on utilise le terme phonème avec le sens de "son individuel de base qui nous permet de créer des mots différents".

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